L’arbitrage en séries éliminatoires est-il impartial?

Mercredi dernier le 4 juin, la finale de la coupe Stanley 2025 s’est mise en branle.

Au menu, pour une 2e année consécutive, nous avons droit à un duel entre les Panthers de la Floride et les Oilers d’Edmonton.

L’an dernier, les Panthers ont remporté les 3 premiers matchs de la série avant de voir les Oilers effectuer une remontée spectaculaire.

Ces derniers sont parvenus à forcer la tenue d’un match ultime qu’ils ont finalement perdu par le pointage de 2 à 1.

Pour une 31e année consécutive, la coupe Stanley a été remportée par une équipe américaine.

Pour la 31e fois de suite, aucun partisan d’une équipe canadienne n’a pu célébrer le triomphe de ses favoris.

Histoire

(Crédit photo : Edmonton Journal file)

L’amateur passionné de hockey que je suis a commencé à suivre les activités de la LNH dans les années 80.

À l’époque, les clubs canadiens remportaient régulièrement la coupe Stanley.

D’ailleurs, de 1984 à 1990, ce fut une totale domination du Canada avec 7 équipes championnes consécutives.

Qui plus est, depuis les débuts de la remise de la coupe Stanley aux champions des séries en 1927, les équipes canadiennes se sont toujours démarquées.

Sur les 67 finales qui se sont tenues de 1927 à 1993, on ne parle rien de moins que de 41 victoires!

Un impressionnant total de 61% des conquêtes de la coupe. Et ce, malgré le fait qu’il y a toujours eu plus d’équipes américaines dans la ligue.

Mais que s’est-il passé?

Comment se fait-il que depuis 1994, c’est un désolant total de 0...

L’arrivée de Gary Bettman

(Crédit photo : nhl.com)

Au printemps 1993, Gary Bettman a été nommé le nouveau commissaire de la LNH.

Quelques mois après son arrivée, durant le mois de juin, M. Bettman se retrouvait sur la glace du vieux Forum à Montréal afin de remettre aux Canadiens, la 24e coupe Stanley de leur histoire.

À ce moment, personne ne pouvait se douter que ce serait la seule et unique fois que Gary Bettman féliciterait une équipe championne du Canada.

Et comme il venait tout juste d’arriver, il n’avait pas eu le temps de mettre sa main sur la ligue. Je ne peux donc pas compter cette victoire dans l’ère Bettman.

Depuis, la majorité des partisans des équipes canadiennes se plaignent que les équipes américaines sont avantagées.

Particulièrement au niveau de l’arbitrage en séries éliminatoires.

Ayant souvent été frustré en partageant le même genre de commentaire, j’ai décidé de laisser de côté mes émotions afin de baser ma réflexion sur des faits.

Que s’est-il passé depuis l’arrivée de Gary Bettman?

Mandats

Nommé commissaire par le bureau des gouverneurs de la LNH (bureau constitué par les propriétaires des 24 équipes à l’époque), Gary Bettman a reçu plusieurs mandats.

Principalement, il a reçu le mandat de transformer la LNH afin d’accroître les revenus de la ligue en la rendant plus rentable et compétitive.

Un peu comme à l’image de la NBA où il a été vice-président auparavant.

Pour ce faire, M. Bettman devait trouver le moyen :

  • d’augmenter les revenus télé (notamment aux États-Unis
  • d’ajouter des équipes d’expansion au Sud et à l’Ouest des États-Unis, dans des marchés non traditionnels (8 nouvelles équipes ont vu le jour sous son règne);
  • d’implanter un plafond salarial comme il l’avait réalisé dans la NBA (ce qu’il a finalement réussi à faire, dans la LNH, en 2005).

De plus, Gary Bettman devait mettre fin aux déséquilibres économiques entre les équipes riches et pauvres, devait améliorer la gouvernance de la ligue et devait moderniser le produit sur la glace.

Rien à redire, ce fut une grande réussite à tous les niveaux!

Comme si ce n’était déjà pas assez, dans le but d’ajouter encore plus de visibilité à la ligue, M. Bettman a instauré la Classique hivernale (match en plein air).

Une fois de plus, un énorme succès.

Preuve de cette réussite, les revenus de la ligue ont littéralement explosé!

À son arrivée, la ligue générait environ 437 millions de dollars par année.

Aujourd’hui, on parle de plus de 6.6 milliards de revenus pour la saison 2024-2025.

Une hausse vertigineuse!

Il n’y a pas à dire, les propriétaires, ainsi que l’ensemble des intervenants gravitant autour de la LNH, n’ont jamais gagné autant d’argent.

À la lumière de ces résultats probants, je n’ai d’autres choix que de me poser la question suivante :

Si la tendance s’était maintenue, c’est-à-dire celle de voir les équipes canadiennes remporter une moyenne de 6 coupes Stanley par tranche de 10 ans, Gary Bettman aurait-il pu remplir tous ses mandats?

L’arbitrage

(Crédit photo : Boardroom TV)

Dès son arrivée en 1993, Gary Bettman a donné le ton dans une entrevue réalisée avec Yvon Pedneault sur les ondes de RDS.

Durant l’entretien, le nouveau commissaire a déclaré que sa 1ière priorité était d’améliorer la qualité de l’arbitrage.

Ah oui! Mais pourquoi?

À l’époque, les principales critiques qui revenaient sur l’arbitrage étaient celles-ci:

  • des arbitres sélectionnés en séries éliminatoires selon leur ancienneté, leur réputation et leurs liens personnels avec certains dirigeants;
  • un style d’arbitrage variant beaucoup d’un arbitre à l’autre;
  • pas de supervision centralisée;
  • un seul arbitre sur la glace.

Devant ces critiques, Gary Bettman a apporté plusieurs changements :

  • il a tenu à ce que le département de l’arbitrage standardise les évaluations de performance de ses arbitres;
  • il a introduit un système à deux arbitres;
  • il a centralisé les reprises vidéo à Toronto;
  • il a implanté un système de bonus en séries éliminatoires beaucoup plus alléchant qu’auparavant.

D’ailleurs, j’ai été surpris d’apprendre le fonctionnement de la sélection des arbitres en séries éliminatoires.

Au début de la saison régulière, il y a environ 35 arbitres. Une fois que les séries commencent, et selon l’évaluation du département de l’arbitrage, il y a 20 arbitres qui sont choisis.

Pour chaque ronde éliminatoire travaillée, un arbitre empoche un bonus de 27 000$.

Comme la moitié des équipes sont éliminées après la 1ière ronde, 12 arbitres sont sélectionnés pour le second tour. La même logique se poursuit en 3e ronde (8 arbitres sélectionnés) et en finale (4 arbitres seulement).

En résumé, pour un arbitre qui se rend jusqu’à la fin, un beau montant de plus de 100 000$ s’ajoute à son salaire annuel.

Un salaire annuel qui, selon l’ancienneté, varie entre 200 000$ et 430 000$.

Force est d’admettre que les arbitres dans la LNH sont très bien payés.

Justement, à bien y penser, il y a peut-être finalement beaucoup de choses à dire.

Après tout, depuis les années 90, j’entends sensiblement la même chose à chaque saison :

« Bettman veut voir les équipes américaines gagner et paye les arbitres pour y arriver ».

Afin de démystifier le tout, j’ai décidé d’entreprendre une longue recherche en compilant plusieurs données.

Depuis 1994, pour chaque match de série opposant une équipe canadienne à une équipe américaine, j’ai noté les informations suivantes :

  • quels étaient les arbitres en fonction;
  • combien d’avantages numériques ont été accordés aux deux équipes;
  • qui a gagné. 

Pour ajouter encore plus de pertinence à mon exercice, j’ai également compilé les mêmes informations pour les 10 années avant l’arrivée de Gary Bettman.

En tête, j’avais la question suivante :

L’arbitrage en séries éliminatoires dans la LNH peut-il être biaisé?

Controverses

(Crédit photo : scoutingtherefs.com)

La principale raison qui m’a poussé à effectuer ce long exercice de compilation de données, c’était pour calmer mes propres frustrations et voir si je peux déceler une quelconque corrélation.

Suis-je fou de croire que l’arbitrage n’est pas impartial lorsque les séries commencent?

En saison, lorsque je regarde une partie de mon équipe favorite, je ne suis pas nerveux.

Grand amateur des Oilers d’Edmonton (j’ai vu tous leurs matchs depuis 2015), je me considère plutôt chanceux de voir évoluer des joueurs exceptionnels comme Connor McDavid et Leon Draisaitl.

Ils me rappellent énormément le duo que j’adorais suivre dans mon enfance (Wayne Gretzky et Mark Messier).

Comme je disais, pendant la saison régulière, je m’installe devant mon écran. Règle générale, je ressens du plaisir à écouter les matchs.

Bien honnêtement, je trouve que les arbitres font un excellent travail. Ils sont constants et appellent presque toujours les pénalités évidentes.

Après tout, outre les joueurs, ce sont les acteurs qui ont la plus grande influence sur le déroulement d’une partie.

Toutefois, quand les séries éliminatoires s’amorcent, tout bascule.

Mon niveau d’anxiété augmente considérablement. Ma colère se manifeste fréquemment. Je gueule ma frustration à la télévision.

Il y a plusieurs décisions que je ne comprends pas.

Il y a des controverses qui surviennent dans des moments clés :

  • Ryan Kesler qui retient la jambière de Cam Talbot en fin de match;
  • un bâton élevé de Gabriel Vilardi des Kings qui procure la victoire en prolongation;
  • un hors-jeu de Cale Makar qui change l’allure d’un match.

Mais pourquoi l’arbitrage change autant en séries?

Pourquoi des pénalités évidentes ne sont soudainement pas toujours appelées?

Pourquoi d’autres, qui semblent pourtant banales, le sont?

Pourquoi, selon le moment dans le match, des actions qui devraient être punies ne le sont pas?

Lorsque tu joues au hockey, il n’y a rien de plus frustrant que d’avoir l’impression qu’une équipe est avantagée par l’arbitrage.

Il est difficile de rester concentré et de ne pas sombrer dans l’indiscipline.

Encore cette année, en séries contre les Kings de Los Angeles, malgré une large domination au niveau de la possession de la rondelle et des chances de marquer, les Oilers ont obtenu pas mal moins d’avantages numériques (13 contre 20).

Quand tu es en possession de la rondelle, tu es rarement l’agresseur. Quand tu obtiens plus de chances de marquer, tu exposes les défenseurs adverses qui peuvent se commettre et attirer des punitions.

Alors comment expliquer cela?

Si je regarde les autres équipes au Canada, pour les Canadiens de Montréal notamment, ce n’est pas mieux.

Dans la série contre les Capitals de Washington cette année, on a vu des coups de bâtons en plein visage ne pas être punis.

Mais pourquoi?

En 2021, lors de la demi-finale contre les Golden Knights de Vegas, l’arbitrage a été tout simplement atroce contre le Canadien.

Voici d’ailleurs un lien vidéo YouTube très intéressant de l’utilisateur
« TaiwanHockey » qui démontre clairement que parfois, ça ne fait aucun sens :

Taiwan Hockey

En regardant son montage, on réalise que c'est du gros n'importe quoi!

Dans des cas semblables, je me dis toujours la même chose :

« Bon, l’arbitre vient de prendre une décision controversée qui avantage clairement l’équipe américaine. Bettman va être content et va lui permettre d’avancer à la ronde suivante. Ainsi, il touchera son bonus de 27 000$! »

Cette perception m’a souvent parue la réalité, mais est-ce vraiment le cas?

Résultats et statistiques

(Crédit photo : statcan.gc.ca)

En analysant ma collecte de données, j’ai pu ressortir des statistiques intéressantes qui se sont déroulées en séries éliminatoires pendant l’avant et l’après-Bettman.

Lors des 10 années avant son arrivée, il y a eu 62 séries opposant une équipe canadienne à une équipe américaine.

Voici les résultats :

Nombre de matchs joués

Victoires équipes canadiennes

Victoires équipes américaines

Avantages numériques Canada

Avantages numériques USA

329

196

133

1 593

1 582

 

Maintenant, voici ce qui s’est passé après l’arrivée de Bettman jusqu’à aujourd’hui, en 147 séries opposant des équipes du Canada versus des États-Unis :

Nombre de matchs joués

Victoires équipes canadiennes

Victoires équipes américaines

Avantages numériques Canada

Avantages numériques USA

851

383

468

3 356

3 502

 

À la lumière de ces résultats, force est d’admettre qu’à partir de 1994, les équipes américaines ont eu le dessus au chapitre des supériorités numériques et par le fait même, des victoires.

Ce qui diffère passablement de l’avant-Bettman. Un nombre très semblable d’avantages numériques, mais cette fois, avec une domination des équipes canadiennes.

Afin de continuer à comparer l’avant et l’après-Bettman, qu’en est-il des arbitres?

Voici l’avant-Bettman où 18 arbitres ont officié en séries éliminatoires :

Arbitres

Victoires équipes canadiennes

Victoires équipes américaines

Avantages numériques Canada

Avantages numériques USA

Andy van Hellemond

27

27

238

246

Bill McCreary

17

9

140

138

Bob Hall

2

1

18

19

Bob Myers

9

9

83

83

Bruce Hood

2

1

19

17

Bryan Lewis

11

3

74

63

Dan Marouelli

11

7

100

99

Dave Newell

12

5

65

73

Denis Morel

9

10

92

94

Don Koharski

30

14

223

211

Kerry Fraser

26

18

199

219

Mark Faucette

2

3

30

29

Paul Stewart

3

4

24

21

Rob Shick

2

2

28

22

Ron Fournier

2

0

7

9

Ron Hoggarth

11

6

78

72

Ron Wicks

4

0

14

10

Terry Gregson

16

14

161

157

 

La 1ière chose qui me frappe en regardant ces chiffres c’est de constater à quel point le nombre d’avantages offerts aux équipes est très semblable d’un arbitre à l’autre.

Ça me fait étrangement penser à ce que l’on peut voir encore aujourd’hui en saison régulière.

Dans chaque rencontre, les arbitres vont régulièrement égaliser le nombre d’avantages entre les deux équipes.

Pour revenir aux statistiques, il est intéressant de savoir que parmi ces 18 arbitres, 7 d’entre eux ont eu l’opportunité d’officier en finale.

Les voici (entre parenthèse, leur nombre de participation en finale) :

  • Andy van Hellemond (10)
  • Don Koharski (6)
  • Kerry Fraser (6)
  • Bryan Lewis (2)
  • Dave Newell (2)
  • Denis Morel (2)
  • Terry Gregson (2)

Et voici les résultats en finale :

Nombre de matchs joués

Victoires équipes canadiennes

Victoires équipes américaines

Avantages numériques Canada

Avantages numériques USA

31

24

7

133

143

 

Comme on peut voir, une nette domination des équipes canadiennes.

Maintenant, ça ressemble à quoi depuis 1994.

Sous l’ère Bettman, il y 57 arbitres qui ont officié en séries éliminatoires :

Arbitres

Victoires équipes canadiennes

Victoires équipes américaines

Avantages numériques Canada

Avantages numériques USA

Andy van Hellemond

4

7

44

50

Bill McCreary

42

44

403

368

Blaine Angus

2

0

7

6

Brad Meir

13

16

97

101

Brad Watson

28

43

287

325

Brian Pochmara

6

9

58

59

Chris Lee

12

17

101

121

Chris Rooney

31

22

182

167

Dan Marouelli

27

24

231

235

Dan O’Halloran

27

33

228

236

Dan O’Rourke

30

35

229

235

Dave Jackson

6

16

112

107

Dean Warren

2

4

30

27

Dennis LaRue

4

10

54

72

Don Koharski

26

29

270

272

Don VanMassenhoven

14

15

131

136

Eric Furlatt

35

22

205

227

Francis Charron

13

15

94

110

François St-Laurent

12

19

85

99

Frederik L’Ecuyer

3

6

23

37

Furman South

0

1

3

5

Garrett Rank

6

6

14

13

Gord Dwyer

12

19

86

99

Graham Skilliter

8

4

51

37

Greg Kimmerly

3

2

15

26

Ian Walsh

6

5

32

24

Jake Brenk

3

2

12

12

Jean Hebert

19

18

119

120

Jon McIsaac

11

2

40

43

Kelly Sutherland

33

39

228

232

Kendrick Nicholson

2

2

9

11

Kerry Fraser

18

29

181

200

Kevin Pollock

29

36

248

248

Kyle Rehman

6

12

52

69

Lance Roberts

1

2

15

13

Marc Joannette

20

28

196

187

Mark Faucette

6

17

113

110

Michael McGeough

12

18

134

152

Mike Hasenfratz

6

1

26

27

Mike Leggo

8

8

64

76

Paul Devorski

35

33

312

306

Paul Stewart

4

7

52

56

Peter MacDougall

1

3

19

18

Pierre Lambert

0

2

5

4

Richard Trottier

1

4

25

19

Rob Shick

20

22

201

229

Shane Heyer

1

1

15

15

Stéphane Auger

2

1

19

22

Stephen Walkom

22

28

188

204

Steve Kozari

19

23

137

140

Terry Gregson

11

12

112

113

Thomas John Luxmore

7

6

46

40

Tim Peel

13

14

108

110

Tom Chmielewski

0

2

5

9

Tom Kowal

1

3

13

17

Trevor Hanson

7

15

73

80

Wes McCauley

12

36

153

168

 

Ce qui me frappe en analysant ces chiffres, c’est de constater que sur les 57 arbitres, il y en a 39 qui ont cumulé une fiche positive pour les équipes américaines (688 gains contre 490 revers).

Ces officiels ont également offert beaucoup plus d’avantages numériques aux USA (4 815 versus 4 581).

En tant qu’arbitre, est-ce une recette gagnante pour avancer en séries et faire plus d’argent?

Du lot des 57 arbitres, 25 d’entre eux ont eu la chance de participer à moins une finale.

Voici la liste (entre parenthèse, leur nombre de participation en finale) :

  • Bill McCreary (15)
  • Wes McCauley (11)
  • Dan O’Halloran (10)
  • Kelly Sutherland (10)
  • Brad Watson (8)
  • Chris Rooney (8)
  • Dan O’Rourke (7)
  • Paul Devorski (7)
  • Kerry Fraser (6)
  • Terry Gregson (6)
  • Don Koharski (5)
  • Steve Kozari (5)
  • Dan Marouelli (4)
  • Stephen Walkom (4)
  • Francis Charron (3)
  • Gord Dwyer (3)
  • Jean Hebert (3)
  • Marc Joannette (3)
  • Andy van Hellemond (2)
  • Kevin Pollock (2)
  • Brad Meir (1)
  • Dennis LaRue (1)
  • Eric Furlatt (1)
  • Michael McGeough (1)
  • Paul Stewart (1)

Et voici les résultats en finale :

Nombre de matchs joués

Victoires équipes canadiennes

Victoires équipes américaines

Avantages numériques Canada

Avantages numériques USA

48

18

30

202

196

 

Sur les 25 arbitres qui ont officié au moins une fois en finale, seulement 5 ont une fiche positive pour les équipes canadiennes.

Pour les 20 autres, le fait d’avoir une fiche combinée de 505 gains contre 379 revers à l’avantage des clubs américains semble avoir été une recette gagnante pour participer à la finale et faire plus d’argent.

Également, en comparant l’avant et l’après-Bettman, on constate que la proportion d’arbitres qui officient en séries éliminatoires et en finale de la coupe Stanley se ressemble étrangement.

Alors, de croire que le département de l’arbitrage prend de meilleures décisions aujourd’hui qu’à l’époque, en sélectionnant toujours les meilleurs arbitres pour les séries, je me permets d’en douter.

En réalisant cet exercice, je n’ai eu d’autres choix que de constater que depuis l’arrivée de Bettman, les chiffres ne mentent pas.

Pendant les 10 années avant son arrivée, les équipes canadiennes avaient une bien meilleure fiche (196 victoires contre 133 défaites).

En ce qui concerne les supériorités numériques, on remarque que ça toujours été très serré (1593 à 1582 à l’avantage du Canada).

Après l’arrivée de Bettman, on constate un renversement complet au chapitre des victoires, bien à l’avantage des clubs américains (468 gains contre 383 revers).

Et pour les avantages numériques, c’est moins serré avec une récolte de 3 502 pour les USA versus 3 356 pour le Canada.

Concernant les arbitres, comment ne pas être surpris de la fiche de Wes McCauley!

Souvent considéré comme le meilleur arbitre de la LNH, comme en font foi ses 11 participations en finale, la fiche des équipes canadiennes est pourtant pitoyable lorsqu’il officie (12 victoires et 36 défaites).

Devant ces chiffres, je n’ai pas le choix de me poser la question suivante :

Est-ce que Wes McCauley est considéré le meilleur arbitre en raison de l’incroyable fiche des équipes américaines lorsqu’il est d’office?

Rien pour m’enlever la perception que l’arbitrage en séries éliminatoires de la LNH est biaisé.

Opinion

(Crédit photo : m-ergence.fr)

À la lumière des faits que j’ai apportés dans mon article, je considère tout à fait normal de voir les partisans canadiens fréquemment outrés par l’arbitrage en séries éliminatoires.

Depuis l’arrivée de Gary Bettman, les équipes américaines obtiennent plus d’avantages numériques et par le fait même, plus de victoires.

Est-ce donc de sa faute? Probablement en partie, mais mon but n’est pas de l’accuser de quoi que ce soit.

Après tout, comme mentionné plus haut, les revenus de la ligue ont explosé depuis son arrivée et il est parvenu à réaliser avec aplomb, tous les mandats qui lui ont été confiés.

Est-ce possible pour une équipe canadienne de remporter la coupe Stanley sous l’ère Bettman?

Pour l’instant, comme ce n’est jamais arrivé (je ne compte pas la coupe de 1993 comme expliqué plus tôt dans mon article), ça semble impossible.

Pourquoi?

À mon humble avis, que ce soit de façon involontaire ou pas, Gary Bettman a créé une culture d’entreprise. Et ce, dès son arrivée dans les années 90.

Une culture qui démontrait hors de tout doute qu’il ne considérait pas au même titre les clubs canadiens versus les clubs américains.

Comment le blâmer?

Les propriétaires lui ont clairement donné ce mandat.

Pour augmenter les revenus de la ligue, avec la valeur du dollar américain, il fallait que ça passe par plus de contrats télé et plus d’équipes aux États-Unis.

Je me pose encore cette question.

Dans un contexte où le hockey est de très loin le moins populaire des sports majeurs aux États-Unis (derrière la NFL, MLB et NBA), comment Gary Bettman aurait-il pu y arriver si la tendance des équipes canadiennes victorieuses s’était poursuivie?

À mes yeux, ça ne fait aucun doute à mon esprit que le système alléchant de bonus en séries (27 000$ par ronde) me semble avoir inévitablement influencé l’arbitrage.

Pour un arbitre qui veut se rendre loin en séries et faire plus d’argent, il n’a qu’à suivre la culture d’entreprise en avantageant les clubs américains.

Force est de constater qu’avec les chiffres élaborés plus haut, c’est payant!

C’est définitivement ce que je crois.

Cela dit, personne ne me fera pleurer dans le monde du hockey.

Grâce à M. Bettman, tous les acteurs qui gravitent autour de la LNH (joueurs, entraîneurs, propriétaires, etc.) sont riches.

Personne n’aura le courage de cracher dans la main de celui qui le nourrit.

Cependant, pour l’ensemble des partisans d’équipes canadiennes, j’ai énormément de sympathie.

Tout comme eux, je suis totalement écoeuré de ne pas voir la coupe Stanley revenir au Canada.

La finale

(Crédit photo : swisshabs.ch)

La finale est commencée et après 3 parties, Les Panthers mènent la série 2 à 1.

Dans le 1er match, Sam Bennett s’est laissé tomber sur le gardien Stuart Skinner l’empêchant de réaliser un arrêt.

Malgré la contestation de l’entraîneur des Oilers, le but a été accordé et les Panthers ont profité de l’avantage numérique pour prendre les devants.

La majorité des experts étaient unanimes. Il y avait clairement obstruction sur le gardien et le but n’aurait pas dû être bon.

D’autant plus que le joueur en question qui a causé cette situation, Sam Bennett, est définitivement un récidiviste dans ce genre d’occasion.

Il ne faut pas chercher bien loin.

Lors du second tour contre les Maple Leafs de Toronto, dans le 3e match de la série, Sam Bennett est entré en collision avec le gardien de but Anthony Stolarz. Il n’a pas été puni pour son geste.

Son coude a frappé le derrière de la tête du gardien et ce dernier n’est jamais revenu par la suite.

Les Leafs menaient la série 2 à 0 et après avoir perdu leur gardien numéro 1, ils ont également perdu la série.

Qui arbitrait cet important 3e match où les Panthers se devaient absolument de gagner? Sans grande surprise, Wes McCauley. Hasard? Coïncidence?

Une chose est sûre, lorsque Wes McCauley officie un match des Maple Leafs de Toronto, c’est une défaite presqu’à coup sûr pour ces derniers.

En carrière, lors des séries éliminatoires, on parle d’un seul gain contre 10 revers...

Pour revenir aux Oilers, malgré la clémence des arbitres envers le geste de Sam Bennett, ils ont su faire preuve d’une grande résilience pour revenir de l’arrière et l’emporter en prolongation.

Dans le 2e match, Bennett a tenté la même chose en se laissant choir à nouveau sur le gardien des Oilers.

Cette fois, il a enfin été puni. Les Oilers en ont profité pour marquer, mais ils se sont finalement inclinés en 2e période de prolongation.

Je suis capable d’admettre que dans l’ensemble, les Panthers ont mieux joué et méritaient cette victoire.

Toutefois, par rapport au livre des règlements sur l’arbitrage, sur le 1er but du match marqué par la Floride, à deux reprises, Sam Bennett a poussé le bâton de Mathias Ekholm.

Ce dernier, qui tentait de reprendre son bâton, n’a pu le faire et les Panthers, qui étaient déjà en avantage numérique, en ont profité pour ouvrir la marque par l’entremise de Bennett. Encore lui.

Et quelques minutes avant le but vainqueur de Brad Marchand, il y avait une pénalité évidente qui n’a pas été appelée contre les Panthers.

Le défenseur Aaron Ekblad a bloqué un tir qui lui a visiblement fait mal. Avec difficulté, il a voulu retraiter au banc des joueurs pour être remplacé.

Toutefois, avant même son arrivée au banc des siens, l’un de ses coéquipiers avait sauté sur la glace pour prendre sa place.

À ce moment précis, il y avait clairement trop d’hommes sur la patinoire du côté des Panthers. En principe, une pénalité automatique.

Dans le 3e match, les Oilers sont tombés dans le piège de l’indiscipline en jouant le jeu des Panthers.

Avec Wes McCauley et Francis Charron comme arbitres, ces derniers ont appelé toutes les pénalités ou presque contre les Oilers et comme d’habitude (ce que je vois régulièrement depuis des années), ont été beaucoup plus cléments envers les Panthers (11 supériorités numériques pour ces derniers contre 6 pour Edmonton).

Alors, même si je crois que les Oilers vont enfin mettre un terme à cette disette épouvantable de plus de 31 ans sans coupe Stanley au Canada, ce sera très difficile.

En plus de devoir battre un adversaire qui a remporté 10 de ses 11 dernières séries (avec 3 finales consécutives), il ne fait aucun doute à mon esprit que les Oilers devront également vaincre l’arbitrage.

Malgré tout cela, j’y crois!

Depuis 10 ans, ils n’ont jamais eu autant de profondeur et ils n’ont jamais aussi bien joué défensivement parlant.

Toutefois, ils devront être extrêmement résilients et disciplinés.

Ils doivent garder à l’esprit qu’ils n’auront pas l’avantage au niveau des décisions douteuses, des pénalités évidentes et des décisions controversées.

Comme je mentionnais plus haut à travers plusieurs exemples, ce n’est pas toujours au niveau du nombre de supériorités numériques que l’on peut offrir un avantage à une équipe.

Jusqu’à maintenant dans la finale, dans plusieurs moments clés, il ne fait aucun doute à mon esprit que les Panthers ont largement bénéficié de la clémence des arbitres.

En tant que partisan, je ne peux qu’encourager mon équipe (Let’s Go Oilers!) et espérer le moins de controverses possibles.

En terminant, je tenais à répondre à la question dans le titre de mon article.

Est-ce que l’arbitrage est impartial en séries éliminatoires?

Ma réponse... je n’y crois absolument pas!

Et toi, qu’en penses-tu?

Patrick Villeneuve